Intentions de l'auteur

Elles se connaissent si bien, qu'elles ne prennent plus la peine de terminer leurs phrases.

L'écriture anticipe sur les réponses de chacune, par ellipse, relations d'idées, passant du coq à l'âne.

Chacune d'entre elles, persuadée de savoir ce que l'autre va dire, contrarie ou contredit la proposition énoncée.

L'écriture coupe la parole à celles à qui elle l'offre pourtant.

Elle permet même aux personnages de répondre à des questions qu'elles n'ont pourtant pas posées.

La lassitude bourdonnante dans laquelle sont plongées mère et fille leur interdit la formulation de phrases longues, elles s'expriment au rythme de leur respiration, courte et saccadée.

La cruauté de leur relation exige une syntaxe syncopée, sèche, cinglante.

Victimes d'une intimité fusionnelle, elles communiquent en se giflant de métaphores aux expressions crues.

L'intemporalité du propos impose une narration linéaire, rien ne doit émerger de cette situation.

Aucune information n'est apportée pour identifier l'espace temps dans lequel se déroule l'action.

Les vagues opportunités de provoquer un changement de leur état avortent faute de motivations réelles.

L'écriture s'aiguise à la hauteur de la prétention des personnages à voiler leur velléité.

Elles disent tout bas ce qu'elles n'ont même plus la force de penser tout haut.

L'énergique impression rocailleuse de la communication résulte des jeux sonores qu'impose le choix de mots à courtes syllabes riches en consonnes occlusives et des effets de surprise qu'infligent les images pittoresques qu'elles échangent avec rudesse.

Les faux départs répétés anéantissent l'athlète.

Ici, l'irruption répétée des occasions de changer le cours du destin des femmes lamine celles-ci, lorsqu'elles transforment en échec la chance qui se présente.